Culte du dimanche 17 janvier 2021 – Justice des hommes/justice de Dieu
Accueil :
Frère et sœurs, en ces temps difficiles nous avons besoin de nous soutenir par la prière, que ce culte soit également la possibilité pour que la communauté se réunisse autour de la parole de notre Seigneur.
Entrons dans ce temps béni
Ainsi parle le prophète Esaïe: Vous, les assoiffés, accourez vers l’eau; Même pauvres et humiliés, venez! Ecoutez, écoutez mes paroles qui nourrissent. Ecoutez-moi, venez à moi, et vivez ! La grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre sauveur.
Père, tu es là, au milieu de nous. Ce temps de culte, tu nous l’offres pour accueillir une Parole qui féconde notre existence. Ce temps de culte, tu nous le donnes pour partager avec des frères et des sœurs notre adoration et notre prière
Louange :
Louange à toi, Dieu éternel. De la glaise originelle, tu nous dégages, Dieu de vie. Des chaînes de la peur, tu nous délivres, Dieu de liberté. Hors du tumulte de nos désirs, tu nous berces, Dieu de paix. Au naufrage de nos illusions, tu es notre rocher, Dieu de salut. Au labyrinthe de nos incompréhensions, tu nous guides, Dieu de communion. Dans le désert de l’indifférence, tu nous parles, Dieu d’amour. Louange à toi, Dieu éternel.
Confession du péché :
Assurés de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, reconnaissons notre péché.
Père, nous nous sommes égarés en voulant marcher sur des chemins que tu n’avais pas tracés pour nous: Comme les hommes de Babel, nous avons voulu “faire notre nom”, alors même que nous pouvions le recevoir de toi; nous nous sommes épuisés dans cette tâche et nous y avons piétiné notre prochain. Comme le jeune homme riche, nous avons voulu nous sauver nous-mêmes devant toi et devant les hommes, alors même que tu voulais nous sauver toi-même, gratuitement, par le Christ; nous nous sommes culpabilisés et désespérés nous-mêmes dans cet effort et nous y avons perdu notre joie. Comme le fils prodigue, nous avons cru que notre liberté n’était possible que loin de la maison paternelle; nous nous sommes retrouvés esclaves de tous les faux dieux que nous avons construits à notre image. Père, renouvelle en nos cœurs les paroles d’alliance que tu as prononcées sur nous le jour de notre baptême; rends-nous la joie de notre salut afin que, réconciliés avec toi et avec nous-mêmes, nous puissions devenir à nouveau disponibles pour te louer et pour te servir, dans la liberté et dans l’amour. Amen
Pardon :
Le salut ne vient pas de notre propre mérite, il est un don de Dieu. Il ne vient pas de nos œuvres humaines car personne ne saurait se glorifier de ses actes. C’est par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi. Que Dieu nous mette au cœur l’assurance de son pardon et qu’Il nous donne de marcher vers son Royaume.
Prière:
Nous avons soif, Seigneur… Soif de ta présence, de ton amour, de ton Esprit, de ta Parole. Nous avons soif, Seigneur… Nous venons à toi les mains vides, nous venons les mains tendues. Nous venons dans la confiance : tu nous offres l’eau vive, tu nous donnes ta Parole. Béni sois-tu, aujourd’hui et toujours.
Lecture :
Matthieu 20, 1 à 16
Les ouvriers dans la vigne
1« Voici, en effet, à quoi ressemble le royaume des cieux : Un maître de maison sortit tôt le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
2Il se mit d’accord avec eux sur le salaire à leur payer, une pièce d’argent par jour, et les envoya dans sa vigne.
3Il sortit de nouveau à neuf heures du matin et en vit d’autres qui se tenaient sur la place sans rien faire.
4Il leur dit : “Allez, vous aussi, travailler dans ma vigne et je vous donnerai un juste salaire.”
5Et ils y allèrent. Le maître de maison sortit encore à midi, puis à trois heures de l’après-midi et fit de même.
6Enfin, vers cinq heures du soir, il sortit et trouva d’autres hommes qui se tenaient là. Il leur demanda : “Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans rien faire ?” –
7“Parce que personne ne nous a engagés”, répondirent-ils. Il leur dit : “Eh bien, allez, vous aussi, travailler dans ma vigne.”
8Quand vint le soir, le maître de la vigne dit à son contremaître : “Appelle les ouvriers et paie à chacun son salaire. Tu commenceras par les derniers engagés et tu termineras par les premiers engagés.”
9Ceux qui s’étaient mis au travail à cinq heures du soir vinrent et reçurent chacun une pièce d’argent.
10Quand ce fut le tour des premiers embauchés, ils pensèrent qu’ils recevraient plus ; mais on leur remit aussi à chacun une pièce d’argent.
11En la recevant, ils critiquaient le maître
12et disaient : “Ces ouvriers engagés en dernier n’ont travaillé qu’une heure et tu les as payés comme nous qui avons supporté la fatigue d’une journée entière de travail sous un soleil brûlant !”
13Mais le maître répondit à l’un d’eux : “Mon ami, je ne te cause aucun tort. N’as-tu pas convenu avec moi de travailler pour une pièce d’argent par jour ?
14Prends donc ton salaire et va-t’en. Je veux donner à ce dernier embauché autant qu’à toi.
15N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon argent ? Ou bien es-tu jaloux parce que je suis bon ?”
16Ainsi, ajouta Jésus, ceux qui sont les derniers seront les premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers. »
Prédication :
Frères et sœurs, voici une prédication que j’ai faite hier à la prison de la Santé à Paris, prison dont je suis aumônier depuis de nombreuses années. La justice de Dieu et la justice des hommes sont de thèmes souvent abordés en prison, je vous livre donc cette réflexion à partir du texte des ouvriers de la onzième heure.
La plupart du temps, la justice de Dieu n’a pas grand-chose à voir avec la justice des hommes. Dans l’Ancien Testament, la loi permettait de séparer ce qui était juste de ce qui ne l’était pas. Les prescriptions de la loi orientaient la conduite à mener et les décisions à prendre. Puis les commandements de la loi se résument à deux commandements : tu aimeras ton Dieu et tu aimeras ton prochain. Cette loi devient plus énigmatique et sa mise en œuvre entraîne un vrai questionnement qui bouscule complètement notre vie personnelle et la vie sociale en général.
On partira de la parabole des ouvriers recrutés à des heures différentes de la journée par le propriétaire de la vigne.
Dans un premier temps on peut souligner la légitime colère des ouvriers de la première heure qui reçoivent le même salaire que les ouvriers qui n’ont travaillé qu’une heure. Comment accepter qu’un travail inégal donne lieu à un salaire égal ? Comment l’égalité peut-elle s’appliquer à des situations inégales ?
Nous sommes ici à l’opposé de la conception grecque selon laquelle il faut rendre à chacun ce qu’il lui est dû. Ce qu’on appelle généralement la justice rétributive, qui est à la base de beaucoup de système dans le monde hier comme aujourd’hui. Le maître de la vigne répond avec une certaine logique que le prix convenu au départ a été respecté. Le respect du contrat de travail est indéniable et les premiers ouvriers ne sont pas lésés. La proportionnalité n’est pourtant pas respecté entre les premiers et les derniers, il y a bien une inégalité choquante.
Le maître utilise alors un autre argument : celui de son bon vouloir, celui d’être bon comme il lui plaît ! Le bon vouloir du maître n’a pas à être discuté.
La justice du maître échappe aux ouvriers comme si, au-delà ou au-dessus de l’histoire qu’ils vivent, une autre histoire se réalisait dont la logique est différente. On pourrait multiplier les exemples des paraboles où la même idée et la même conclusion prévalent : les hommes ne sont pas prêts à recevoir ce qui leur est donné et préfèrent organiser eux-mêmes leur propre système. Pourtant c’est ce que proclame le verset des béatitudes : les affamés de justice seront rassasiés. Cela signifie que quelqu’un leur donnera ce qu’ils attendent en vain des arrangements de leur société.
IL est nécessaire de se pencher un peu sur cette justice décalée ou différente
Allons d’abord chercher du côté de Paul, l’apôtre parle de justification et non de justice : le déplacement des mots est considérable et l’on sait que c’est sur ce jeu de mots que s’enracine toute la Réforme protestante. On se souvient de Luther réfléchissant sur le passage de la lettre aux Romains (1,17) et qui reçut une véritable illumination, il écrit : « car, dans cet Evangile est révélée la justice de Dieu, celle qui s’obtient par la foi et qui conduit à la foi, ainsi qu’il est écrit : « celui qui est justifié par la foi vivra ».
La justice n’est donc pas une action que l’homme développe, mais un don de Dieu grâce auquel il se retrouve non juste mais justifié. C’est un renversement complet qui substitue à la recherche des vertus humaines, la seule acceptation reconnaissante d’une grâce.
Cette conception de la justice s’oppose à celle développaient habituellement par les courants religieux qui font de la justice une vertu humaine. Non, chez Paul et dans la théologie protestante de Luther, la justification est l’œuvre de Dieu à l’égard de tous, puisque nés sous le péché, les justes comme les païens.
La justice renvoie à Dieu souverainement et non à l’homme. C’est ainsi que Dieu, parce qu’il est juste et qu’il tient ses promesses, peut justifier les hommes. C’est en quelque sorte une qualité de Dieu qu’il communique aux hommes.
Reste tout de même une figure de la justice dans le Nouveau Testament qui ne peut pas être éludée : celle du jugement dernier. Le jugement dernier occupe une part non négligeable de l’enseignement du Christ que l’on trouve dans les lettres des apôtres ou, évidemment dans le livre de l’Apocalypse : « L’heure du jugement est venue » (14, 7) et « tous furent jugés, chacun selon ses œuvres »(20, 13). A la suite de quoi, ceux qui n’étaient pas inscrits dans le livre furent jetés dans l’étang de feu et qu’apparut un ciel nouveau, puis une nouvelle terre et la nouvelle Jérusalem.
C’est ici apparemment une autre justice qui s’accomplit, celle qu’annonçait l’Ancien Testament, où Dieu dans un sens plus commun, rétribue les justes et punit ceux qui sont ses ennemis, y compris au sein de son propre peuple. Cette justice conforte le sens commun.
Paul va dénouer cette conclusion dramatique, celle qui nous conduirait tous au châtiment. Une situation nouvelle s’ouvre en Jésus-Christ. Désormais : « C’est en dehors de la loi que la grâce de Dieu a été manifestée » (Romains 3, 21). Ce qui signifie que tous ceux qui croient en Jésus-Christ échapperont à cette justice vindicative et répressive pour entrer dans la justification par grâce.
Cette explication donne un sens nouveau au tableau de la séparation des bons et des méchants dans le récit de Matthieu 25, vous savez où ceux qui n’ont pas visité les malades ou les prisonniers sont comme si ils n’avaient pas visité le Christ lui-même. Dans ce texte la séparation des justes de ceux qui iront au châtiment éternel pourrait bien être celle qui différencie ceux qui acceptent et ceux qui ne reconnaissent pas la justice de Dieu, au sens de la foi. Ceux qui interrogent pour savoir quand ils ont pu rencontrer Dieu dans celui qui a faim, froid, qui est en prison ou étranger, ressemblent fort à des personnes qui tentent de se justifier et c’est ce qui est impossible pour les hommes.
Dès lors, la justice de Dieu est déroutante : elle ne fonctionne pas selon la logique des hommes (sera gratifié celui qui est juste et sera puni le méchant) mais selon une autre logique, selon laquelle tous sont appelés à être justifiés s’ils l’acceptent.
Nous sommes bien loin du premier sens le plus commun de la justice : il ne s’agit plus de balance et d’équilibre entre le bien et le mal, le juste et le méchant. Justice d’une nouvelle naissance acceptée comme don et non fruit de notre vertu. Amen
Confession de foi :
Eclairés et rassemblés par la Parole de Dieu, nous affirmons notre foi:Le Seigneur est mon berger. Rien ne manque. En lui j’ai mon repos et ma justice puisqu’il m’aime, Même au fort de l’obscurité, je ne crains rien. Le Seigneur se tient près de moi et me console. Amen.
Prière d’intercession :
Seigneur, notre Dieu, notre Père, tu règnes, tu viens dans le monde et tu nous fais porteurs de ta Bonne Nouvelle. Pourtant, nous voulons aussi crier vers toi avec les femmes et les hommes qui sont aujourd’hui dans la détresse : Pour tous ceux qu vivent ce nouveau confinement dans le dénuement, nous te prions Seigneur que ton règne vienne. Pour les prisonniers et les torturés, les exilés et les réfugiés de tous les pays, nous te prions :Seigneur, que ton règne vienne !Pour les peuples victimes de la guerre, souffrant de faim et de misère, nous te prions :Seigneur, que ton règne vienne ! Pour les étrangers qui viennent dans notre pays sans y trouver de place. Pour les travailleurs de notre pays qui sont sans emploi, nous te prions :Seigneur, que ton règne vienne ! Pour les jeunes angoissés devant leur avenir, et les parents inquiets pour l’avenir de leurs enfants, nous te prions :Seigneur, que ton règne vienne !
Notre Père…….
Envoi/bénédiction :
Père, celles et ceux qui se tournent vers toi trouvent la paix, celles et ceux qui demeurent en toi vivent pour l’éternité. Accorde-nous ton aide dans toutes nos tâches, sois notre guide dans nos désarrois, notre protection dans tous les dangers, notre consolation dans toutes nos peines, par Jésus-Christ, notre Seigneur