Beyrouth, le 04 août 2020

Mais avant d’en arriver à cette date, laissez-nous vous parler de notre église qui bien avant ce triste jour, qui pèsera longtemps sur les consciences des responsables libanais, avait envisagé dès décembre 2019, alors que la crise financière faisait déjà rage, la mise en place d’une épicerie solidaire où nous aurions pu approvisionner les plus fragiles en nourriture et produits d’hygiènes.

Mais où pouvions-nous décemment sans temple, sans base arrière animer un tel dispositif ? Car oui, peut-être le savez-vous déjà, notre communauté attend la reconstruction de son temple depuis 6 longues années.

En plein marasme social et décadence économique, autre tache honteuse du pouvoir libanais, notre communauté avait pris pleinement conscience de la crise qui s’annonçait où les plus démunis seraient bien évidemment les plus exposés.

Les mois ont passé, faits d’aides distribuées au cas par cas, en cash; pour des loyers, des appareillages de lunetterie, pour des médicaments mais en juin avec l’accélération de l’hyperinflation résultat de la dépréciation vertigineuse de la monnaie locale face au dollar, nous avons finalement sauté le pas. Nous organiserions depuis le cimetière protestant français une entraide alimentaire de 50 paniers de provisions par semaine au profit des travailleuses migrantes au Liban jusqu’à fin août en attendant peut-être les premiers vols de rapatriements les concernant.

Mais revenons à notre double peine du 4 août 2020…

Le choc des images a fait le tour des télévisions du monde. Ironie du calendrier cette explosion en réplique d’un champignon atomique aurait pu coïncidé avec l’anniversaire des bombes d’Hiroshima et Nagasaki à quelques jours près.

L’ironie, depuis bientôt un an, ne manque pas ici à Beyrouth… à vous en dégoûter.

Dieu merci, notre communauté a été épargnée. Son temple toujours pas construit a forcément bien tenu, son cimetière est toujours debout et nos frères et sœurs indemnes et c’est bien cela le principal.

Ailleurs, les pertes humaines sont infiniment tristes, les dégâts considérables mais nous avons pu voir se lever un véritable espoir quand un email nous est parvenu le surlendemain du drame de la part des instances du protestantisme français dont la Fédération Protestante de France ainsi que la Fondation du protestantisme.

Ces deux instances ont réussi à coordonner plusieurs acteurs du protestantisme français ayant une véritable expertise du Liban et du tissu social libanais afin de pouvoir évaluer les besoins en terme d’aides à apporter.

C’est ainsi que la Fondation du protestantisme a lancé un appel aux dons ayant pour objet la reconstruction des églises, écoles et institutions protestantes à Beyrouth ainsi que la continuité de l’action lancée par notre église en juin dernier pour aider davantage de personnes n’ayant plus les moyens suffisants de se nourrir décemment.

Cet appel aux dons en voici les détails : https://donner.fondationduprotestantisme.org/76/~mon-don

Nous vous invitons donc à donner et à partager cet appel avec vos proches; vos réseaux, en pleine connaissance de cause, le Liban a besoin de se reconstruire mais il fait aussi face à un risque important de somalisation à moyen terme.

Voilà, ce billet un peu long, un peu tortueux reflète peut-être finalement notre état d’esprit actuel mais nous nous devions de témoigner encore du quotidien libanais après le 4 août 2020 car notre église a un rôle à jouer ici au Liban et nous remercions la Fédération Protestante de France, son Président François Clavairoly, et la Fondation du protestantisme pour leur engagement aux côtés de notre église et du protestantisme au Liban.

Que Dieu protège le Liban.

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